La semaine dernière, j’ai accompagné sur le terrain une visite du Trésor américain au Nord Est du Maroc, qui dans le cadre d’une mission plus vaste voulait aussi voir un exemple opérationnel d’un projet du Fonds de l’Environnement Mondial. Je ne connaissais le Projet de Lutte Participative contre la Désertification et la Réduction de la Pauvreté dans les Hauts Plateaux de l’Oriental que par quelques lectures. J’ai découvert une réalité incroyablement riche en termes d’expériences positives et innovantes.

La visite de terrain a commencé par un déjeuner généreusement offert par nos hôtes à Ain Beni Mathar. Parmi les nombreux mets qui nous furent généreusement offerts, un mouton rôti entier nous a été servi !
Ce mouton symbolise à lui seul l’ histoire des Hauts Plateaux de l’Oriental!
Cette race ovine locale, le Beni Guil, est certifiée IGP («indication géographique protégée»). Le goût particulier de sa viande provient des qualités génétiques de la race mais aussi de l’herbe qui le nourrit, l’Artemisia herba-alba. Cela rends cette race très prisée dans le pays et lui donne une haute valeur marchande. Malheureusement, l’écosystème qui abrite le Beni Guil est de plus en plus en danger.
Les écosystèmes arides et semi arides des Hauts Plateaux de l’Oriental au Maroc subissent une dégradation profonde due au changement climatique (cette année est la troisième année consécutive de sècheresse et 50% de la production céréalière est déjà perdue) et aux mauvaises pratiques de gestion des terres et du cheptel.

Le projet intervient prioritairement dans la gestion durable des terres (GDT) et la gestion intégrée des ressources en eau soit à un niveau politique, en intégrant ces thématiques dans les principaux programmes et initiatives de développement local, soit directement sur le terrain par la construction de micro barrages pour approvisionner les animaux en eau, par la mise en repos des pâturages et par la fixation de dunes.
Ce projet FEM a été conçu en étroite collaboration avec la phase 1 du Projet de Développement des Parcours et de l’élevage dans l’Oriental, soutenu par le FIDA. Ce projet a constitué une base solide pour une intervention consistante sur financement du FEM, et a fourni un cadre institutionnel solide. De plus, il a permis la promotion d’actions innovantes, en particulier la création de coopératives (associations de gestion des pâturages) impliquées dans la totalité des activités du projet, facilitant un haut degré de participation et d’appropriation par les communautés rurales. Une simple visite sur le projet montre le rôle central joué par les éleveurs dans la vie du projet.
Des approches particulièrement innovantes en termes de GDT sont aussi testées, comme par exemple l’utilisation de la charrue Vallerani (un brevet italien) qui permet de créer dans le sol un système de micro-bassins et de sacs enterrés pour recueillir l'eau de pluie et des éléments fertilisants. Ceci favorise la restauration des pâturages dégradés grâce à une meilleure germination et croissance des plantes endogènes mais aussi par la transplantation d'espèces nouvelles préparées en pépinières.
Une autre innovation est l’utilisation dans le processus d’afforestation du produit Zander, un produit biologique provenant de sédiments lacustres, qui contient un éventail de nutriments et hormones de croissance des plantes naturelles stimulant l ’enracinement des plantes et réduisant significativement les besoins en eau.
Le projet a financé aussi l’achat de stations agro-météorologiques automatiques, qui collectent les données nécessaires pour mettre en place un système d’alerte précoce à la sécheresse.

Ainsi on verra bientôt des touristes parcourir les plateaux, dormir sous la tente, garder des moutons et manger leur délicieuse viande rôtie! et la boucle sera bouclée!
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